Crezan
F190
Crezan
F190

F.199 n° 6 / 7366

F-AMOI


            Début août 1933, un F.199 destiné à Édouard Daubrée est au montage à Toussus. L'appareil est livré ce même mois, mais ce n'est que le 26 septembre qu'il est enregistré avec le CdI 3572 au nom d'Édouard Daubrée, qui le baptise Pompon.

            Dès l'avion réceptionné, Salel et Daubrée, après un aller-retour à Orléans, effectuent un voyage en France : Toussus, Chambéry, Toulouse, Biarritz, Bordeaux, Toussus.

            En novembre, le F-AMOI rejoint Tanger, piloté par Pierre Froissard, avec à son bord M. et Mme Daubrée. Dès la fin du mois, Daubrée rejoint Le Caire pour le 2° tour d'Égypte (Rallye du Caire) qui se déroule du 18 au 24 décembre et auquel il participe, piloté par Finat, avec le numéro de course 9.


            En 1935, il semble que le F-AMOI passe une grande partie de l'année en France, volant à Toussus en février et novembre.


            Fin décembre 36, M. Royer, chef-pilote du club Roland-Garros accompagne M. et Mme Daubrée à Tanger, par Marseille, Naples, Rome, Tunis et Alger, Tanger. Royer rentre ensuite par la ligne régulière d'Air France.


            Le F.199 n°6 est mis en vente chez Legastelois en février 1937. Le 13 avril, l'avion passe une visite Veritas à Buc avant son rachat par le Portugais Abel Pessoa.





  

F.199 n° 6 / 7366

CS-AAV


            En 1937, Abel Pessoa veut relancer sa compagnie Aero-Commercial Ltda, créée en 1936, mais dont le développement a été stoppé par la Guerre Civile Espagnole. Il veut en particulier mettre en place une liaison régulière Lisbonne – Porto pour laquelle il prévoit d'acquérir des appareils britanniques (De Havilland Dragon, Percival Petrel). Néanmoins, ayant particulièrement apprécié en tant qu'avion personnel le F.190 n°10 cédé aux partisans de Franco, il a décidé de le remplacer par un appareil de même type pour son propre usage.


            Abel Pessoa prend le F.199 n°6 en main dès le mois de mai sur les trajets Oran - Tanger et Tanger - Lisbonne. L'avion, enregistré avec l'immatriculation CS-AAV, peut emporter 6 passagers; Dans la continuité de son F.190, Pessoa le baptise "Aguia Branca II" et, comme son prédécesseur, l'avion serait également peint en blanc.


            Le 28 mai 1937, Pessoa participe avec son appareil aux fêtes de Lisbonne, lancant des banderoles sur la villle.


            En juillet 1937, Abel Pessoa s'inscrit au Rallye International de l'Exposition de 1937.

Mauvaise photo, mais la seule que nous connaissions du F.199 n°6 CS-AAV, probablement sur le terrain de Lisbonne - Alverca [Diario de Lisboa]


            Le 8 août 1937, Abel Pessoa décolle de Lisbonne-Alverca avec 4 amis, également actionnaires de sa société, pour survoler les régates internationales qui se déroulent ce jour-là à Figueira da Foz dans la baie de Santa Cruz. Le drame survient près de Praia de Santa Cruz à Torres Vedras.


            Le journal "Correio da Manhã" de Rio de Janeiro publiera un récit de l'accident qui correspond à ce que sera finalement l'explication qui sera jugée officiellement la plus plausible de l'accident :


            "Lisbonne, 9 (UP)- Samedi dernier, l'aviateur Abel Pessoa a organisé avec quatre amis, un vol au-dessus de la ville de Figueira da Foz. Dimanche, après s'être retrouvés à 8 heures du matin, les cinq amis se sont rendus en voiture à l'aérodrome d'Alverca, où peu après ils sont montés à bord de l'avion "Águia Branca", qui a ensuite pris son envol piloté par Pessoa. Survolant Azambuja, l'avion s'est dirigé vers la côte, suivant le cours du Mondego, cap vers le nord. On suppose qu'entre la plage de Lourinhã et Peniche, le brouillard a complètement enveloppé l'avion, confondant l'océan avec les plages. Connaissant bien la région, Pessoa est arrivé à la conclusion qu'il était presque impossible d'atteindre Figueira da Foz et a décidé de se diriger vers le sud afin d'essayer d'atterrir sur l'aérodrome existant près de la plage de Santa Cruz.


Perdu dans le brouillard, l'aviateur a commencé à voler le plus bas possible, pour découvrir quelques grandes falaises qui se trouvent du côté nord de la plage de Santa Cruz, afin de les utiliser comme point de repère. Il y avait un bateau de pêche près de cette plage, dont les membres d'équipage ont déclaré plus tard avoir entendu le rugissement d'un moteur d'avion, ce qui les a alertés, car le bruit se rapprochait de plus en plus de l'endroit où ils se trouvaient. À un moment donné, l'appareil est sorti du brouillard venant de la mer, ce qui a fait hurler les pêcheurs, avertissant le pilote que la terre était proche, mais l'appareil qui descendait à grande vitesse et dans un angle trop fermé, est entré violemment en collision avec le mer soulevant une énorme colonne d'eau, puis disparaissant.


Le bateau de pêche se dirige alors précipitamment vers le lieu de l'accident où il ne voit rien d'autre qu'une nappe de pétrole flottant à la surface. Voyant qu'il n'y avait rien d'autre à faire, les pêcheurs se sont dirigés vers le rivage, où ils ont signalé le fait aux autorités, qui ont envoyé un bateau sur place pour récupérer les cadavres et les éventuels survivants, demandant également l'aide des pompiers de Torres Vedras qui ont envoyé une ambulance immédiatement.


Finalement, après une heure de recherche, trois corps ont été retrouvés, horriblement mutilés, ramenés et déposés sur la plage, les deux autres sont supposés avoir coulé avec l'avion.


Les morts retrouvés sont : Alfredo Pedro Barata, 29 ans, célibataire et commerçant ; José Andrade Gonçalves, 33 ans et aviateur ; José Oliveira Mattos, 33 ans, commerçant et marié. Les deux autres victimes, toujours portées disparues, sont : Abel Pessoa, ingénieur et l'un des premiers aviateurs civils du Portugal, et Albano Mattos, avocat."

Première page du journal 'O Seculo" du 9 septembre 1937

Les Avions Farman

Tous droits réservés - Michel Barrière - crezan.aviation@gmail.com

F.39O n°6 F-AMOR