Crezan
F190
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F190

F.190 n°44 / 7178

F-AJTU

 

            La cellule F.190 n°44, de numéro constructeur 7178, est mis en production au printemps 1930.

            D'après le numéro de série, il s'agit du F.192 n°13 F-AJTU qui n'a été livré à M. Esders qu'en novembre 1930. Or, plusieurs sources mentionnent un Farman F.190 - en fait un F.192 - comme propriété d'Esders dès juillet 1930 et l'indiquent comme réceptionné à Toussus dés les tout premiers jours du mois d'août.


            L'explication de cette anomalie pourrait être liée à la décision prise à la mi-août par le gouvernement français d'offrir un F.192 au Négus pour son couronnement. Le 20 août 1930, le gouvernement français décide en effet d'offrir au Négus un Farman F.192. Ce cadeau doit parvenir à Addis-Abeba d'ici le 1° novembre. Le commandant Baradez chargé de mener à bien ce projet mentionne dans ses souvenirs le prélèvement d'un appareil sur la chaine de montage.


            La décoration de l'appareil offert au Négus est bien connue: son fuselage est vert jade, vert nil et argent ; son intérieur luxueusement aménagé est tendu de soie verte brochée. Or, cette livrée caractèrise la Bugatti Royale et le F200 "Vert Jade 2" d'Esders, ce qui  nous amène à conclure que l'appareil offert est très vraisemblablement celui d'Esders, d'autant que de par son activité dans les tissus de luxe, Esders était intéressé à cette opération qui a dû lui être très rentable. Il aurait ainsi accepté la cession de son luxueux appareil à l'Etat français, qui l'aurait fait convertir en F.192 (n°12) avec une nouvelle voilure dotée d'un réservoir d'huile de bord d'attaque.


            En remplacement, Esders aurait reçu un appareil en production avec la cellule F.190 n°44, peut-être à cette date une commande gouvernementale au titre des monomoteurs coloniaux.

F.192 n° 13 / 7178

F-AJTU


            En octobre 1930, le F.192 n°13 d'Armand Esders est au montage à Toussus-le-Noble. Il est réceptionné peu après. Avec un réservoir standard de 360 litres, il est enregistré le 17 novembre 1930 avec les CdN 1774 et CdI 2626 sous l'immatriculation F-AJTU et basé à Toussus-le-Noble.

            Pour nous confirmer l'hypothèse évoquée ci-dessus, Esders semble ne pas avoir apprécié l'appareil dont nous ne connaissons malheureusement aucune photographie : il  le remplace dès juillet 1931 par un autre F.192, n°14, qu'il gardera ensuite jusqu'en 1935.


            Le 24 octobre 1931, peu après qu'Esders ait pris possession de son nouveau F.192 n°14, le F.192 n°13 est enregistré au nom de Roland Coty. L'appareil est alors dénommé L'Epervier. Directeur des parfums Coty et du journal L'Ami des Sports, pilote automobile, Roland Coty soutient l'aviation comme son père, le célèbre parfumeur et propriétaire du Figaro, mécène de l'aviation de record.

            Bien que Coty soit pilote, son F.192 est le plus souvent piloté par Delage. C'est le cas le 25 octobre lorsqu'il assiste au meeting de Tours organisé au profit de la Maison des Ailes. Il effectue ensuite des voyages de tourisme régulièrement en France vers sa propriété au voisinage de Tours et des destinations touristiques (Deauville, Cannes).


            Le 15 mars 1937, le F.192 F-AJTU est enregistré au nom de Louis Lejeune (Esbly), puis le 13 avril 1938 à celui de Jean-Baptiste Salis.


            Le 9 juin 1938, il est enregistré au nom de Julien Latscha, dirigeant d'une société de transport et correspondant local d'Air France. Il semble que la famille Latscha soit très motivée par l'aviation. Le 28 octobre 1934, Potez crée une école de pilotage à l'aéro-club du Pays de Montbéliard. En novembre 1934, on trouve comme élèves Edmond et Julien Latscha. A partir de janvier 1935, on y trouve aussi Alfred Latscha.


            Julien Latscha, qui a appris à piloter dans la station Potez créée en octobre 1934, joue un rôle déterminant dans le soutien à l'Aéro-Club du pays de Montbéliard et dans le développement de l'aéroport de Courcelles. En 1938, il finance l'installation d'une station service sur l'aéroport de Courcelles-lès-Montbéliard, en même temps qu'il acquiert le Farman ("un superbe avion de transport huit places, très performant "). L'ensemble est géré dans le cadre de la société Aéro-Service Latscha, créée à cette fin. L'avion est affecté aux baptêmes de l'air, aux voyages et promenades. "Pour que tous puissent goûter au charme d'une promenade en avion, les prix ont été étudiés au plus juste. Pour 35 francs, il est possible de s'offrir une belle promenade au dessus de Montbéliard et des environs…" [Le Petit Comtois, 23 juin 1938]


            Le F.192 n°13 est réquisitionné en 1939. Il disparait dans la tourmente.

Les Avions Farman

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F.192 n°12 Ethiopie