Crezan
F190
Crezan
F190

F.190 n°23 / 7142

F-AJFC



            Le 9 juillet 1929, le F.190 n°23 est enregistré à la maison Farman avec les CdN / CdI 2170 et immatriculé F-AJFC. En novembre, l'appareil, doté de réservoirs de 360 litres, n'est équipé que pour un pilote et un passager, ce qui nous fait supposer qu'il est alors utilisé pour le transport de fret et de courrier, notamment le transport des journaux pendant la saison d'été.

            Dès l'obtention de ses CdN/CdI, le F-AJFC est convoyé par Finat à Londres pour être présenté sur le stand Farman à l'Exposition Aéronautique qui se déroule à l'Olympia du 16 au 27 juillet.

  

Tour de France des avions de tourisme en mai 1931 [Le Matin]

Le F.190 n°23 dans sa livrée Farman qu'il conservera pendant toute sa carrière chez Air-Service. [© Michel Barrière]

Chargement de journaux dans le F-AJFC en 1931 [Coll M. Barrière]

Tour de France des avions de tourisme de 1931 : les 3 F190 F-AJMV (Avignon), F-AJFC (Maurens) et F-AJFD (Columbia) sur le terrain de Nantes le 26 avril [Le Journal]


            Du 25 avril au 10 mai 1931, le F-AJFC participe au Tour de France des avions de tourisme, ou plus exactement des autos, motos et avions de tourisme organisé par Le Journal. Pour les avions, l'Union des Pilotes Civils de France (UPCF) présidée par Haegelen qui assure la direction technique de l'épreuve. Route et air n'auront évidemment pas les mêmes étapes.

            

            Le F-AJFC est iInscrit comme concurrent par Farman. Piloté par Georges Maurens, il transporte sous le umero de course 6 le mécanicien William, M. Chitry de chez Farman et Hubert Bouchet, correspondant du Journal qui assure le reportage sur la course des avions.

            Deux autres F.190 sont présents : le n°43 F-AJMV de Marcel Avignon, également inscrit comme concurrent (n°10) et le n°24 F-AJFN affrété par la firme Columbia qui transporte l'orchestre Alexander chargé de l'animation aux escales.

            Le parcours des avions est différent de celui des roulants qui partira dès le 24 avril. Le parcours aérien sera :

  

  • Samedi 25 avril : ORLY - Chartres - NANTES

  • Dimanche 26 avril : exposition à Nantes

  • Lundi  27 avril : NANTES - Rochefort - BORDEAUX (Place des Quinconces)

  • Mardi 28 avril : exposition à Bordeaux

  • Mercredi 29 avril : BORDEAUX - Biarritz - TOULOUSE

  • Jeudi 30 avril : exposition à Toulouse

  • Vendredi 1° mai : TOULOUSE - Perpignan - NIMES (escale de Perpignan annulée, cause brume)

  • Samedi 2 mai : exposition à Nimes

  • Dimanche 3 mai : NIMES - Avignon - MARSEILLE (Marignane)

  • Lundi 4 mai : MARSEILLE - Montélimar - LYON

  • Mardi 5 mai : exposition à Lyon

  • Mercredi 6 mai : LYON - Mâcon - STRASBOURG

  • Jeudi 7 mai : exposition à Strasbourg

  • Vendredi 8 mai : STRASBOURG - Nancy - DOUAI

  • Samedi 9 mai : étape à Douai

  • Dimanche 10 mai : DOUAI - ORLY, où se déroule la Fête de l'UPCF


            45 avions étaient au départ, 39 sont à l'arrivée.

            Le F-AJFC termine 12ème au classement.

            Le 1° août débute un service aérien saisonnier assurant le transport des journaux du soir entre Le Bourget et Deauville, coïncidant avec le rallye aérien du Deauville-Air Club présidé par Louis Bréguet.

            Il est assuré par le F-AJFC, dont le service se termine le 3 septembre. Le carnet de vol de Coupet mentionne des essais de lancement de journaux avec le F.190 n°23, mais il ne semble pas que cet appareil ait été équipé d'un dispositif particulier à l'instar du n°24.


            Le 17 mai 1932, l'avion séjourne à Nevers, piloté par Portal. Selon le bulletin de l'Aéro-Club, le "zinc bleu, chargé de passagers, survole la ville sans arrêt". Le 30 juillet, toujours piloté par Portal, il revient à Nevers avec 3 passagers (Périn, Auclair, Billoué) pour participer au meeting de l'Aéro-Club du Nivernais.          


            Conséquence de la création de la compagnie nationale qui affecte directement les activités d'Air Service, le F-AJFC est mis en vente en 1933. Acquis par René Wauthier, il est enregistré le 8 août 1934 comme converti en F.193 n°8, équipé en avion sanitaire destiné au Cameroun.

F.193 n°8 / 7142

F-AJFC


            Le 21 novembre 1935, le F-AJFC est enregistré à René Wauthier qui, avec son épouse, offre au gouvernement du Cameroun l'appareil équipé en avion sanitaire. Les photographies montrent que sa cabine est restée aménagée en version transport et dotée de 2 grandes fenêtres carrées sur le flanc droit. S'il ne semble pas avoir reçu de porte d'accès civière du côté gauche, son fuselage reçoit le nouvel ensemble dérive/gouvernail des F.193 et une roulette de queue. Son équipement sanitaire comprend une tente, une table d'opérations et un matériel médical complet, ce qui lui permet d'effectuer aussi bien des opérations d'évacuation que des interventions médicales d''urgence.


            Le 21 novembre 1935, le F.193 n°8 est baptisé "Caritas" par Madame de Noailles et le comte Hector de Béarn. Il est immédiatement pris en main par Jean-Armand Rousseau, Inspecteur des Eaux et Forêts, délégué du commissaire de la République, qui rejoignant son poste - et effectuant par la même occasion son voyage de noces – le convoie en vol au Cameroun. Rousseau est un habitué de ces voyages : en février-mars 1934, il avait déjà ainsi convoyé vers son poste de Garoua un Caudron Phalène mis à la disposition du Cameroun par le gouvernement français.


            Le 9 décembre 1935, Rousseau et son épouse partent donc pour Bordeaux. Ils arrivent à Yaoundé le jour de Noël après avoir fait escale à Bordeaux, Toulouse, Barcelone, Alicante, Séville, Maroc, Colomb-Béchar, Reggan, Agueloc, Gao, Zinder (22/12), Fort-Lamy, Garoua.

Le F-AJFC converti en F.193 sanitaire pour le gouvernement du Cameroun.

[© Michel Barrière]

Le "Caritas" lors de son baptême à Toussus [Coll Michel Barrière]

                

            En 1936, le Farman est utilisé, ainsi que le Caudron Phalène prêté par le gouvernement français et déjà présent sur place, pour des démonstrations des possibilités de l'aviation au Cameroun, que ce soit pour le service de santé, les travaux publics ou l'exploitation forestière. Les deux appareils totaliseront 133 heures de vol en 1936.


            Ainsi sont réalisées des évacuations sanitaires de Garoua et N'gaoundéré vers Yaoundé. L'une d'elles est ainsi relatée dans la presse locale en novembre 1936 : "Piloté par J.A. Rousseau, Conseiller technique pour l'aviation, le "Caritas" s'est envolé le 21 août dernier en direction de Garoua pour y effectuer un transport sanitaire. Après avoir été empêché, entre N'gaoundéré et Garoua, par le mauvais temps rendant impossible la passage de la grande falaise, le transport a pu cependant être effectué dans la journée du 24. Le transport de la malade et de son enfant s'effectua dans des conditions que le médecin a jugé parfaites. Aussi est-il à prévoir que ce mode de transport sera utilisé de nouveau sur les itinéraires aériens."


            Sont aussi réalisées avec l'aide des appareils présents, sans qu'on puisse dire le rôle exact joué par le Farman, des missions aussi diverses que la recherche d'un passage de pont, l'inspection des pare-feux des réserves forestières, la reconnaissance des densités de boisement, des campagnes de photographie aérienne de Yaoundé et Douala, la reconnaissance d'itinéraires aériens.


            En janvier 1937, le "Caritas" est détruit dans des circonstances indéterminées. L'événement n'est enregistré dans le registre F qu'à la date du 19 avril 1937.


            Pour le remplacer, le gouvernement camerounais acquerra un Caudron Phalène.

Les Avions Farman

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F.19O n°24 F-AJFM