Crezan
F190
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F190

F.190 n° 9 /(7121)

F-AIYP


            Le F.190 F-AIYP est le premier Farman F.190 acquis par le Service Technique de l'Aéronautique, qui utilisera une dizaine d'appareils de la famille du fait de sa capacité d'adaptation à ses besoins techniques.

            Le AIYP reçoit son CdN au printemps 1929, son immatriculation étant fixée en mars.


            Les 19 et 20 mai 1929, la présence du F-AIYP est avérée à l'occasion des Journées de l'Air à Vincennes.

            Piloté par Coupet, il représente la S.G.T.A. en participant au Rallye des Capitales, arrivant le dimanche 19 mai. L'épreuve est gâchée par le manque de compétiteurs, puisque sur 4 inscrits, seuls 2 appareils - le Nieuport 641 de Challe (5 pax, 1875 km) et le F.190 de Coupet (4 pax, 1615 km) - participeront.

            C'est probablement lui qui, toujours piloté par Coupet, amène le lendemain le mécanicien Jousse encore aidé de béquilles suite à sa blessure lors du raid Paris-Saigon de Paillard et Le Bris.


            A cette date, le F-AIYP est encore propriété de Farman. Le 7 août suivant, Coupet effectue des essais de décollage à la charge de 1800 kg devant le bureau Veritas afin de valider la modification des ferrures d'attache d'ailes. L’avion est alors muni d’une hélice bois blindé Chauvière 5120.        

Le F.190 F-AIYP dans sa livrée Farman à Vincennes en mai 1929. [© Michel Barrière]

            Acquis par le STAé, et affecté à Villacoublay, le F.190 F-AIYP est mis à la disposition de la Société d'Étude[s] et de Construction[s] d'Appareils de Télémécanique (S.E.C.A.T.), SA au capital de 1.950.000F en 1930, d'abord sise au 102 Avenue Roule, Neuilly sur Seine, puis en novembre 1930 à Paris, 11 bis, rue Planche. Cette société a reçu de l'Etat un contrat pour la mise au point d'une installation de pilotage permettant le décollage et l'atterrissage "automatiques" d'un avion, selon le dispositif imaginé par Max Boucher et Raoul Bernardy décrit dans un brevet déposé en janvier 1928. Le premier appareil mis à la disposition de cette société avait été un Farman F.40 utilisé pour des essais de pilotage automatique dès la fin de la première Guerre Mondiale.


            Lors des essais en vols, le F-AIYP est généralement piloté par Joseph Louis Henri Jouy, ancien pilote de guerre devenu ingénieur de l'aéronautique au STIAé, spécialisé dans les essais des dispositifs de navigation et de pilotage.

Le F.190 F-AIYP, au sol et en vol, aux Fêtes de l'Air à Vincennes les 19 et 20 mai 1929.

[Coll Michel Barrière]


            En août 1930, Laurent Eynac visite Istres et se fait présenter le Goliath du STAé doté d'un système de pilotage semi-automatique. Il assiste ensuite à la démonstration d'un autre appareil, très probablement le F.190 n°8, présentant "comme avantage l'atterrissage sur un terrain convenable, automatiquement, dans l'obscurité la plus complète, même par temps de brume. Sans toucher au manche, on presse sur un bouton ; l'avion se met à descendre, puis, à cinq mètres du sol, une perche se déclenche et prend contact avec le terrain. Le moteur s'arrête alors et l'atterrissage se produit normalement, aussi doucement qu'avec un pilote expérimenté.

            La démonstration en vol … a complété fort heureusement les détails que M. Leret d'Aubigny, président du conseil d'administration de la Société de constructions d'appareils mécaniques, et ses collaborateurs, avaient bien voulu donner à M. Laurent-Eynac."


            On retrouve le F.190 n°8, cette fois clairement identifié, en août 1933 dans un compte rendu d'essais effectués à Villacoublay. Il est alors piloté par Mr Jouy accompagné de M. Duclos et de Raoul Bernardy, et effectue des essais de décollage automatique avec le dispositif imaginé par la S.E.C.A.T.

Les panneaux de commande de l'équipement de la SECAT sur le flanc droit du poste de pilotage lors des essais de 1934.

A gauche, les manettes de libération des "antennes" marqués D, G, P. A droite, les interrupteurs de commande des dispositifs.

Le F-AIYP avec son installation d'aide à l'atterrissage à Istres en octobre 1934. La portière arrière est démontée. [© Michel Barrière]


            Début octobre 1934, le F-AIYP expérimente de nouveau, cette fois sur la piste du Tubé à Istres, le système d'atterrissage mis au point par la S.E.C.A.T. L'appareil, toujours piloté par Jouy, est équipé d'un ensemble de capteurs : deux "antennes" sur les flancs arrière du fuselage et une grande perche sous l'appareil préfigurant une antenne radio ventrale permettant de "sentir" la position et l'attitude de l'appareil par rapport au sol et assurant son contrôle en conséquence. Cette perche permet de détecter le sol, à une altitude d'environ 8 mètres.


            Ces essais durent néanmoins être éprouvants pour la structure de l'appareil, car le F.190 n°8 fait l'objet d'une réfection totale de la cellule par les ateliers Farman en 1935 ou 36.

            A cette occasion, le fuselage est modifié. Si son pare-brise est toujours celui des premiers F.190, ce qui permet de l'identifier, la cabine est désormais dotée des fenêtres rectangulaires de type F.199. Les câbles de commande des robinets des réservoirs d'aile ont été déportés à l'extérieur de la cellule, ce qui fait supposer une refonte également des circuits carburant et huile.

            A l'issue de cette maintenance, le F-AIYP est toujours dans la livrée "standard usine" bleue et argent, utilisée depuis 1929 par les F.190 et F.290 du STAé. Par contre, le nom FARMAN apparaît placé sur le capot sous la forme retenue pour les appareils des séries F.390.


            Une photographie du F-AIYP en maintenance moteur, peut-être dans un hangar de Villacoublay où il était basé, le montre équipé comme pour les essais de 1934 d'une mini-girouette Etévé sur le hauban gauche. Il est donc vraisemblablement toujours utilisé pour des essais de dispositifs de pilotage automatique.

            Le gouvernail est toujours orné du F de l'immatriculation civile, mais l'arrière semble avoir été hâtivement badigeonné aux couleurs tricolores, ce qui nous fait supposer que cette photo a été prise fin 1938 ou début 1939; le F-AIYP est probablement toujours à la disposition de la S.E.C.A.T.


            Son sort ultérieur est inconnu.

Le F-AIYP en fin de carrière montre son fuselage désormais équipé des fenêtres rectangulaires des F.199. Le graphisme de la marque FARMAN sur le capot est celui utilisé pour les F.390.


L'arrière du fuselage, sous la dérive, semble badigeonné aux couleurs tricolores. Parmi les mécaniciens figure au moins un technicien civil, Lucien Marty, de formation mécanicien tourneur, qui passera à Toussus, puis chez Breguet à Villacoublay [Coll. Philippe Marty]

Les Avions Farman

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F.19O n°10 F-AJAA