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Henri Massot (1897 - 1956)

            Henri Antoine Marie MASSOT nait à Marseille le 17 novembre 1897. Ses parents sont Cyrille MASSOT, alors âgé de 32 ans et Marie Joséphine Mathurine Alice MARTORELL. sa famille est aisée; deux ans plus tard, naitra une petite fille. Son père, plus couramment appelé Georges Massot, capitaine au long cours, est commissaire de la marine à bord du Bagdad, des Messageries Maritimes. Il décède en 1903, mais sa mort parait suspecte; les accusations de la servante provoquent finalement l'arrestation et l'inculpation d'Alice Massot qui a empoisonné son mari sur la suggestion de son amant, Georges Hubac, fils d'un premier président du Tribunal de Marseille. En 1905, au terme d'un procés très suivi, tous deux seront condamnés, aux travaux forcés à perpétuité pour Alice et à vingt ans pour Georges Hubac.


            Engagé volontaire comme mécanicien le 6 mars 1915 au 2e Groupe d'Aviation, il sert un temps avec l'escadrille C 42.  Il passe ensuite élève-pilote le 24 août 1915 et s'entraîne à Avord où il est breveté pilote militaire (n° 1583) le 16 septembre 1915. Nommé caporal peu après, il demeure à Avord comme moniteur. Le 16 novembre 1915, il rejoint la RGAé et y reste jusqu'au 16 février 1916 ; il a entretemps reçu son brevet de pilote civil (AéCF n° 2781 le 4 février 1916).


            Affecté à la N 67 à partir du 19 février 1916, il est promu sergent le 21 avril. Il y revendique au moins cinq victoires, dont une seule sera homologuée :


30 avril 1916 : un bombardier

22 septembre 1916 à 13h00 : un chasseur au sud-ouest de Rocquigny, seule victoire homologuée de Massot

24 septembre 1916 à 18h10 : un avion à l'est de Péronne

30 septembre 1916 à 15h30 : un avion à Léchelle (peut-être le Ltn Ernst Diener de la Jasta 2).

21 octobre 1916 à 15h05 : un avion à l'est d'Eterpigny.

 

            Du 5 au 24 janvier 1917, il séjourne à l'hôpital puis revient ensuite à la N 67. Le 12 août 1917, il fait un nouveau séjour à l'hôpital, puis reste en convalescence. Le 13 septembre 1917, il est affecté au GDE.


            Le 29 novembre 1917, Henri MASSOT rejoint les établissements A. Bernard à La Courneuve (probablement comme pilote réceptionnaire).

            Le 31 janvier 1918, il revient au GDE où il demeure jusqu'au 27 avril. Affecté à la Spa 75 le 1er mai 1918, il est promu adjudant le 25 juin. Il est ensuite affecté à la Spa 166 du 16 août au 26 octobre 1918.


            Démobilisé, Henri Massot, comme nombre de ses collègues, travaille pour l'aviation commerciale naissante. Dès le printemps 1919, il pilote pour la Compagnie des Messageries Aériennes, des Bréguet 14 utilisés pour les liaisons postales, militaires et civiles, entre Paris à Lille-Ronchin, puis dès mai 1919 vers Bruxelles. Ce service est temporairement stoppé en septembre. Ensuite, les liaisons sont étendues à la Grande-Bretagne et les Bréguet 14T à cabine fermée pour les passagers s'ajoutent au transport du courrier.


            En novembre 1919, Henri Massot assure avec de Romanet et Walbaum le convoyage à Madrid de Breguet 14 achetés par l'Espagne pour servir au Maroc.

Le 7 juillet 1920, il épouse à Boulogne Lucie [Rognin-Picard].


            Gaston Dubourg, dans ses souvenirs, mentionne l'arrivée du pilote Massot aux Transports Aériens Guyanais. Il serait arrivé en Guyane en septembre ou octobre 1921. Peut-être y reste t'il jusqu'à la faillite de la compagnie qui est dissoute le 30 octobre 1922.


            A la fin des années 20, il travaille pour Caudron. Du 18 octobre au 19 novembre 1927, Massot et le mécanicien Hoez parcourent l'Europe pour présenter le Caudron C-17 A2 F-AIJV, à moteur Lorraine 12 E de 450 cv, prospection qui ne débouchera d'ailleurs sur aucune commande étrangère.

 

            En septembre 1928, il participe dans l'écurie Caudron sur un C 109 équipé d'un Salmson 40cv (numéro de course 3) au Concours des Avions Légers à Orly.


            En 1929, Henri Massot assure les présentations pour Weymann d'un autogire La Cierva; en mars, il le pilote de Paris à Troyes pour un meeting et, en mai, en fait la présentation en vol lors du premier congrès international de l'aviation sanitaire à Orly. Il est inscrit au Challenge International, mais déclare forfait.


            En 1930, il accompagne Henri Rabatel dans une longue tournée de promotion du Farman F.194. Partis fin mars du Bourget, ils y reviennent le 18 mai après avoir volé jusqu'à Addis-Abeba via l'Europe Centrale.


            Ses activités de pilote d'essai d'avions légers se développent, pour Guerchais et Poite, avions à moteurs Renault. En juillet 1930, il se classe 4° au rallye d'Auvergne. En mai 1931, il participe au Tour de France des Avions de tourisme, y remportant le concours avec un Guerchais-Roche T.12 (Renault 95hp). Il participe en juillet au meeting de Clermont-Ferrand, puis en août-septembre à la Coupe Dunlop où il se classe 10e. La course est marquée par quelque irrégularité - méthode assez couramment pratiquée semble t'il - que Massot moque en chantant à Deauville "C'est ma combine ...". Il en sera victime un an après.


            Pendant l'été, il fait à Étampes les essais en vol de l'avion de tourisme S. Poite type III à moteur Renault 95cv qu'il présente ensuite à Orly.

Massot et son Guerchais-Roche T.12 F-AIYL

Concours des avions Légers, Orly, 1931 (Flight)

Le Guerchais T.9 F-AMBD de Massot

Tour d'Europe, Allemagne, 1932 (Flight)


            En 1932 , il participe au Challenge international du Tour d'Europe sur un Guerchais T.9.  Lors d'un pesage sur le terrain de Stackheim, "pour emporter moins que la charge prévue, il avait fait peser son avion avec une ceinture de sauvetage bourrée de plomb [13kg]. Mais quand on s'est transporté à Tempelhof pour les épreuves aériennes, cet idiot-là a oublié sa ceinture truquée dans son box." [Paul Magnet, "Le temps des hélices" par le Général Barthélémy, Ed. France Empire, 1972]. Les ouvriers chargés du nettoyage l'ayant trouvé l'apportent aux organisateurs. Apprenant l'incident, Massot envoie son mécanicien pour tenter de faire disparaître l'objet, mais celui-ci se fait prendre sur le fait et l'incident dégénère. Massot passe devant la Commission Sportive de l'Aéro-club de France et se voit infliger une suspension de 3 ans. Motif : "avoir participé aux épreuves techniques du challenge de tourisme international avec une charge de test qu'il savait pertinemment inférieure à la charge qu'il aurait dû emporter, fait qu'il a reconnu en s'exprimant dans des termes incorrects vis-à-vis des commissaires sportifs internationaux."

"Coronel" au Guatemala


            C'est à cette époque qu'il rencontre à Paris Antonia Matos, fille de José Matos Pacheco, ambassadeur du Guatemala en France et Antonia Aycinena Payés. La jeune femme  a fait scandale dans son pays par sa démarche artistique. Arrivée à Paris, elle s'inscrit à l'École des Beaux Arts et fréquente les milieux d'avant-garde dans lesquels ses qualités sont reconnues. En 1932, elle remporte le premier prix de peinture à l'huile des Beaux Arts.


                Début 1934, Massot reprend brièvement son métier de pilote d'essai, pilotant l'aérogyre de Chappedelaine, au manche duquel il a un accident nécessitant une réparation de l'avion. Cette activité ne dure pas.

                En juin 1934, Matos Pacheco et sa famille repartent au Guatemala; Henri Massot fait partie du voyage. Avec l'appui de son beau-père, le sous-lieutenant de réserve Henri Massot est engagé par le gouvernement du général Jorge Ubico comme "General Aviation Instructor", avec une assimilation au grade de colonel. Il exerce en fait diverses responsabilités, donnant des cours de pilotage théorique et pratique, de tactique aérienne, de photographie et de météorologie à l'Escuela Militar de Aviacion. Il est également Chef de la mécanique, membre de la commission d'inspection et de maintenance des aérodromes, etc... En mai 1936, sur sa suggestion, l'aviation guatémaltèque acquiert 6 Caudron Aiglon à un prix très nettement supérieur à celui du marché ; Massot est suspecté d'avoir fortement bénéficié de cette opération. Pour comble de malheur, un mois après la réception de ces appareils sous-motorisés, l'un d'eux s'écrase pendant une fête aérienne, tuant son pilote.


                En 1938, Henri Massot épouse Antonia Matos; ils n'auront pas d'enfants. 


                En Janvier 1939, le Colonel Henri Massot organise et dirige une tournée de propagande de l'aviation guatémaltèque, le "Goodwill Flight to Central America and Panama".


                Henri Massot démissionne en juillet 1944. Il décède le 4 avril 1956 à Guatemala City; il y repose aujourd'hui dans le mausolée Matos au Cementerio General.

                Son épouse, Antonia Matos de Massot, est décédée en 1994.

Henri Massot pendant le Goodwill Flight

(Nuestro Diario, 28 janvier 1939)

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