Le Farman 190
F.391 n° 3 / 7385
F-AMTH
Jacques Robert Dupuy est déjà un pilote de hors-bord renommé lorsqu'il commence son apprentissage de pilote d'avion. Il passe son brevet début mars à l'école Caudron de Guyancourt. Son père est Paul Dupuy, directeur du Petit Parisien, et sa mère est directrice de l'Excelsior. Sa soeur, Madame de Polignac, commence son entrainement immédiatement après. Elle présentera dans des meetings et concours d'élégance le F.391 n° 3, présenté comme un "Farman F.391 de luxe", qui est livré à Jacques Dupuy le 15 novembre.
Le Farman (CdN n° 3637) est enregistré au nom de Dupuy le 23 décembre 1933 avec l'immatriculation F-AMTH. Il est représenté sur une aquarelle de Paul Lengellé datée de 1935, indiqué comme Farman 391, mais bizarrement avec une voilure et un empennage de F.393 alors que les photographies confirment bien qu'il possédait une voilure classique.
En janvier 1934, Dupuy effectue un voyage aux Etats-Unis avec sa soeur (le Prince de Polignac avait servi aux côtés des Confédérés pendant la Guerre de Sécession). Alors qu'il pilote un avion privé avec sa soeur, leur vol se termine dans la baie de Biscayne (Miami); s'étant extraits du fuselage, les naufragés doivent attendre les secours sur l'avion à moitié submergé.
Dès son retour, Dupuy vole régulièrement avec le Farman. Outre les promenades, on trouve trace par exemple de voyages au Havre (28 mai), à Tours (3 juin), Bordeaux (29 juin), Cazaux (28 juillet), Bruxelles (3 août), Londres (21 août avec de Polignac, Laurent et Burtin), Cannes (6 septembre), Londres (7 novembre), etc.
Il en est de même en 1935 avec des voyages à Strasbourg (4 au 10 avril, peut-être pour un séjour en Europe centrale), Cazaux (9 mai), Londres (17 au 22 mai), Deauville ( 7 et 20 août) suivi d'un voyage à Copenhague (retour le 24 août par Bruxelles). En juin, l'avion est présenté à Buc par la princesse de Polignac, avec ses carénages de roues peints en blanc.
Livée rouge etblanc du F-AMTH. Au meeting de Buc en juin 1935, les carénages de roues sont peints en blanc. [© Michel Barrière]
Le F.391 F-AMTH en 1935, gouache de Paul Lengellé. Curieusement, Lengellé a représenté l'appareil avec la voilure et l'empennage d'un F.393, certes plus élégants mais inappropriés ici [Collection particulière]
Le Farman 30-5 camouflé en Espagne nationaliste en 1937 [© Michel Barrière]
A la mi-avril 1936, Dupuy effectue un voyage aller-retour à Cazaux. Le 22 avril, l'appareil est enregistré à Jean Lacombe, qui serait pressenti par les Monarchistes espagnols pour aller chercher le général Sanjurjo en exil à Lisbonne (Jean Massé). La semaine suivante, Lacombe décolle de Toussus pour se rendre à Lisbonne, par Pau; il en revient début mai. Le 20 mai, il repart à Lisbonne via Biarritz-Parme. De juin à début septembre, Lacombe effectue à plusieurs reprises des voyages non précisés.
Le 5 septembre, le Farman passe une visite technique à Toussus et le 15 septembre, est enregistré au nom d'Henry Lévêque de Vilmorin, journaliste au journal "Le Jour", connu pour être un partisan des nationalistes espagnols. Vers le 25 septembre, Vilmorin part pour La Baule avec le Farman.
Vilmorin, correspoindant du journal "Le Jour" a pu l'utiliser l'avion pour des reportages en Espagne où il se rend plusieurs fois pendant la guerre civile. Début novembre 1936, il est sur le front de Madrid avec les troupes nationalistes. On le trouve evncore sur le front de Madrid en décembre 1936, front de Malaga en février 1937, front de Bilbao en mars 1937.
C'est sans doute à l'une de ces occasions, au tout début de l'année 1937, qu'il a pu céder l'appareil aux Nationalistes qui immatriculent le Farman 30x5. L'appareil est vu au printemps 1937, repeint de frais en gris et portant un camouflage.
Son sort final nous est inconnu.
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