Crezan
F190
Crezan
F190

F.390 n°3 / 7350

F-AMFC


            Le 19 avril 1933 le F.390 n°3 est enregistré au nom de René Wauthier avec les CdN n°3049 et CdI n° 3370. Rentré tardivement, le 2 mai seulement, de sa mission africaine avec le SPCA 41T F-AKDY, Wauthier ne prend livraison que le 13 mai du Farman qu'il a commandé antérieurement ; il le baptise "Antarès". L'appareil est blanc, à l'intèrieur "capitonné de ce tissu qui semble être du satin et qui est du plastique, toujours net, toujours propre" (Magdelaine Wauthier).


            Début juin, Wauthier se rend à Cannes avec son F.390. Le 13 juin, il demande sa mise en congé pour 5 ans pour pouvoir assurer les fonctions de chef du Département Aviation de la Société Algérienne des Transports Tropicaux (SATT) de son ami Georges Estienne qui envisage d'ouvrir des transports aériens depuis Alger vers Zinder et Kano via Tamanrasset.


            A l'été 1933, Wauthier s'installe au Maroc, ayant acheté quelques centaines d'hectares "dans la fertile région des Zaërs". Le 26 juin, à 19 heures, il se pose à Tunis - El Aouina venant de Palerme et repart le lendemain pour Sétif. Ce voyage ne nourrit pas les souvenirs de son épouse et laisse peu de traces, si ce n'est son passage à Bougie le 24 août.


            Outre ses besoins personnels, le F.390 F-AMFC est utilisé par Wauthier pour transporter des passagers au profit de la SATT. Un document publicitaire utilise une photo retouchée de F.190 avec hélice bipale portant l'immatriculation F-AMFC. Par contre, le journal "Les Ailes" montre en 1934 une photo du F-AMFC assurant à Zinder la correspondance avec le car de la SATT venant de Kano.

Le F.390 n°3 "Antarès" à Bougie en août 1933. Par la suite, les carénages de roues seront rapidement démontés. [© Michel Barrière]

Le F-AMFC à Zinder en 1934. Le Farman serait alors utilisé comme avion de transport passagers de la SATT, assurant la correspondance avec le car de la compagnie venant de Kano [Les Ailes]


            Le 11 janvier 1934, Wauthier part vers le Tchad avec son épouse pour reconnaître la nouvelle ligne aérienne de la SATT, d'Alger à Zinder. Le 10 février, il fait escale plusieurs jours à Tamanrasset suite à une panne de magnéto. Il rejoint ensuite Zinder avant de repartir vers Kano et visiter le Nigéria.

            Le 15 février, constatant que les aérodromes du Nigeria sont impraticables, Wauthier et Mme quittent Kano pour Fort-Lamy et Coquilhatville.

            Le 14 avril, ils sont à Bangassou, Wauthier attendant l'arrivée de quelques pièces de rechange pour reprendre son vol. Le 17 mai, reparti de Bangassou, il est à Agades, et prévoit de revenir à Alger par l'itinéraire retenu par la SATT : Tamanrasset, In-Salah, El-Goléa.


            Le 27 juin , à Paris, il présente son film "Mes voyages aériens en Afrique" avec Corniglion-Molinier qui présente pour sa part le film de son voyage avec Malraux "A la recherche de la mystérieuse capitale de la reine de Saba".



¤ 1935, Au péril des sables*


            En 1935,  il repart avec son épouse, mais cette fois pour de longues vacances. Le Farman a 110 heures de vol, soit 12.000 kilomètres. Ils partent vers la Mauritanie, faisant escale à Tindouf, Bir-El-Moghrein, Atar, avant de rejoindre Saint Louis du Sénégal, Dakar puis de repartir vers l'est par Kayes, Bamako, Ségou, Ouagadougou, Niamey, Fort-Lamy, Bangui.


            Fin mars, ils reprennent la route du retour faisant une première escale à Bambari. Peu après leur départ, le moteur se bloque et le Farman se crashe dans un champ de coton hérissé de souches calcinées et de termitières parmi lesquelles subsistent quelques arbres. L'appareil ne semble pas très endommagé : bord d'attaque du plan gauche déchiré et pare-boues détruits. Aussi, Wauthier pense pouvoir réparer sur place et fait dégager une piste par la main d'oeuvre locale. Mais le moteur cause de l'accident une fois démonté s'avère plus gravement malade : l'un des cylindres est fendu, les segments sont grippés dans trois d'entre eux.


            En attendant l'arrivée des pièces de rechange, la voilure du Farman est démontée et l'avion roulé, poussé, tiré, puis transporté par bac sur 30 kilomètres jusqu'au domaine de l'administrateur à Bakala.


            Le 30 avril 1935, l'avion enfin réparé reprend sa route vers la France : il n'y arrivera pas.

            Près d'Almeria, maitrisant difficilement l'appareil face à un vent violent le long de la côte d'Espagne, Wauthier se pose en catastrophe sur la plage de Cabo de Gata, au ras du front de mer. Train et ailes brisés, le F-AMFC "Antarés" sera achevé par les vagues.


* Titre des souvenirs de voyages écrits par Magdelaine Wauthier


            En juin 1935, le F.390 n°3 est enregistré comme détruit. Ce sera le dernier Farman de Wauthier qui passera ensuite sur Monospar.

  

Les Avions Farman

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F.39O n°4 F-AMFU