Le Farman 190
F.390 n°1 / 7348
F-AMEQ
En février 1932, le F.193 n°2 F-ALGN, portant sur sa dérive l'inscription F.390 n°1, effectue les essais et la qualification du moteur Fa 7 E.
A l'automne, c'est le tour du F.193 n°1 F-AJFB qui, doté du moteur Fa 7 Ear, est utilisé comme prototype pour l'aménagement du F.390; il est alors enregistré par Veritas comme F.390 n°1 et sa photo est largement utilisée par Farman pour illustrer les brochures publicitaires ou les articles de presse décrivant le nouvel appareil.
En novembre et décembre 1932, le F390 n°1 définitif est exposé au Salon International de Paris qui se déroule au Grand Palais . Il est alors équipé de 2 réservoirs de 140 litres dans les ailes. Rompant avec les livrées bleu/argent antérieures en vue de bien marquer son caractère d'avion privé de grand tourisme, aboutissement temporaire de la formule telle que la conçoit Farman, l'appareil est présenté dans une livrée blanche et rouge dans un style moderne et dynamique.
Sans rompre réellement avec les versions antérieures pour la partie technique, le F.390 se voit doté par Farman d'un poste de pilotage aux vitrages agrandis et mieux profilés ainsi que d'une cabine visiblement inspirée de l'automobile. Un strapontin est toujours situé à l'avant droit de la cabine dont la partie arrière ne comprend qu'une grande banquette pouvant accueillir trois personnes.
Le 16 janvier 1933, le F.390 n°1 est enregistré au nom de la Société des Avions Farman (CdN 3098 / CdI 3299).
Aménagement intérieur du Farman F.390 [L'Aéronautique, 1934]
Dans les mois qui suivent, le F.390 F-AMEQ effectue diverses présentations pour promouvoir le type. Le 22 février, Freton le pilote par exemple à Rouen. Surtout, le 5 mai, les nouveaux appareils de Farman, dont le F.390 piloté par Coupet, sont présentés à l'occasion de la Journée de l'Aviation Marchande au Bourget.
En août 1933, un F.390 (non identifié, mais qui pourrait être le F-AMEQ) aurait été utilisé par Air Service pour le transport des journaux vers les plages de la Manche.
De septembre 1933 à octobre 1934, le F.390 vole régulièrement, piloté notamment par Andrée Farman, pour des promenades et voyages limités semble-t-il au territoire français.
Le F.390 n°1 à Toussus-le-Noble début 1933. Il porte la livrée dans laquelle il a été exposé au Salon Aéronautique de 1932. [© Michel Barrière]
Le 22 novembre 1934, le F.390 n°1 devient le F.392 n°1, prototype de l'évolution ultime de la cellule du F.390 avec voilure et dérive arrondies. Son utilisation reste similaire : promenades dans les environs de Toussus et voyages en province, notamment d'Andrée Farman ou Henri de Kérillis.
F.392 n°1 / 7348
F-AMEQ
Le 30 octobre 1935, le F.392 n°1 est enregistré au nom des Établissements Ulysse Gros et basé à Ivato. En association avec les Établissements Edwin Mayer & Co, représentants locaux de Castrol, les Établissements Ulysse Gros ont créé en août 1935 une station Potez Aero Service. (Il est possible que, dès cette date, il ait été converti en F.393, mais nous ne disposons encore d'aucune information à ce sujet avant sa révision de 1938.)
L'animateur en est Percy Mayer, ingénieur et pilote expérimenté. Il a embauché comme chef-pilote de la société son moniteur de pilotage, un pilote militaire, le sergent Rémi Bouchard, qui a démissionné et passé pour l'occasion son brevet de transport civil. La société possède également un petit Potez.
Dès son arrivée, le Farman, piloté par Bouchard, est utilisé pour établir un service aérien plus ou moins régulier vers des destinations comme Tamatave, Miandrivazo-Antevamena, Majunga, Fianarantsoa, Morondava, Diego Suarez, Antalaha, etc... et effectuer des services de transport à la demande.
Le F.392 n°1 de Potez Aero Service en 1935. [© Michel Barrière]
Le F.392 n°1 de Madagascar Air Service en 1937. Seul le nom de la compagnie a été modifié. [© Michel Barrière]
Le 16 août 1936, condamnée par la politique de nationalisations menée en France, la société Potez Aero Service cesse d'exercer ses activités.
Pour son entité malgache, cet arrêt ne correspond pas à un échec : en un an, les appareils ont effectué sur la Grande Île 952 heures de vol et couvert 75.000 km, transportant 920 passagers et effectuant 13 évacuations sanitaires. Pour ce qui concerne l'écolage, 10 élèves ont été formés, 6 d'entre eux ayant été brevetés, les 4 autres terminant leur entrainement.
Dans ce contexte, Percy Mayer et Rémi Bouchard décident de continuer leurs activités de services aériens. Le 19 août est créée, pour une durée de 5 ans, la société Madagascar Air Service entre MM. Edwin Mayer & Co. Ltd et M. Percy Mayer. Cette société a pour objet tous transports aériens (personnes, marchandises, etc.), écoles de pilotage, vente d'appareils à Madagascar et tout ce qui s'y rapporte directement ou indirectement. Le siège de la société est à Tananarive. Le capital social est de 50.000 francs, dont 1.000 francs par Edwin Mayer & Co et 49.000 francs par Percy Mayer, qui administre la société.
En octobre, le député Lassalle effectue une tournée dans l'est de l'île, piloté par Bouchard. Entre le mardi 20 et le vendredi 23, il il part de Fianar, fait escale à Manakara, Mananjary, Vatomandry, Tamatave, Brickaville et Moranga avant de revenir à Tananarive.
En juillet 1937, la société a désormais effectué plus de 2000 heures de vol et transporté plus de 1300 passagers.
En début 1938, une visite spéciale pourrait avoir pour cause sa transformation en F.393, actée lors d'une visite standard en septembre..
Le 6 mai, le F.392 qui était semble-t-il resté enregistré au nom des Etablissements Ulysse Gros est transféré à Madagascar Air Service. Le 25 août, il passe une visite à Ivato à 1819 heures.
Madagascar Air Service utilise alors des appareils plus modernes, notamment des petits Caudron, et le Farman ne semble plus utilisé de façon notable.
Son sort ultérieur est inconnu.
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