Crezan
F190
Crezan
F190

F.198 n°2 / 7339

F-ALUZ


            En janvier 1932, un F.190 est commandé par M. Seligman. Il s'agit d'un luxueux Farman 198 qui est réceptionné par Burtin début mars, son propriétaire en prenant aussitôt possession. L'appareil, confortable, possède 6 places, une grande soute à bagages, des fenêtres de grande taille ainsi qu'un pare-brise élargi similaire à celui du F.290 n°1.


            Le F.198 n°2 est enregistré le 16 mars avec les CdN 2425 et CdI 3098.


            En mars 1932, Seligman effectue un voyage vers la vallée de la Loire. Il participe ensuite au rallye du Maroc, dont il revient le 11 avril. En juillet, il participe au rallye d'Auvergne et, début septembre, au "Week-end aérien" d'Heston organisé par le Royal Aero Club, y remportant une coupe.


            Du 24 au 30 avril 1933, Seligman fait un voyage en Italie avec le F-ALUZ.


            En septembre  se déroule la manifestation originale de la "Bienvenue aérienne", réponse de l'aéro-Club de France au Week-end aérien d'Heston de septembre 1932. Roger Seligman est l'organisateur de cette manifestation qui coïncide avec le 20° anniversaire de la première traversée de la Méditerranée (23 septembre 1913) par Roland Garros.

            A cette occasion, le Club Roland-Garros et le Touring Club de France accueillent une quarantaine d'équipages étrangers dans le but de resserrer les liens entre aviateurs de divers pays. Le dimanche 17 septembre, le rassemblement des équipages et l'accueil ont lieu à Reims; le lendemain, tous les appareils se rendent à Orly, où les équipages sont reçus par Suzanne Deutsch de la Meurthe. Le 19, c'est un départ général pour Lyon, où plusieurs avions sont retardés par le mauvais temps, cet étalement des arrivées perturbant un peu les 3 jours de festivités prévus à Cannes. Le 23, la rencontre se termine à Saint Raphael avec la commémoration du 20° anniversaire de la première traversée de la Méditerranée par Roland Garros.

Le F.198 F-ALUZ de Seligman aux couleurs bleu et bouton d'or de l'Aéro-Club de France dont Seligman est l'un des animateurs. [© Michel Barrière]

Le F.198 F-ALUZ de Seligman en vol [Coll Michel Barriere]

Le F.198 F-ALUZ de Seligman au Week-end aérien d'Heston en 1932

[Coll Jack Meaden]

F. 197 n°8 / 7339

F-ALUZ


            Pendant l'hiver 1933-34, Seligman cède son F. 198 n°2 F-ALUZ à la Société Nouvelle du Journal Paris-Soir. Le métier de journaliste nécessitant plutôt un appareil capable de grands voyages, éventuellement coloniaux, qu'un luxueux appareil de grand tourisme, c'est converti en F.197 n°8 que le F-ALUZ est enregistré en mai 1934.


            Le F.197 n°8 F-ALUZ semble avoir pris du service à Paris-Soir avant la date de son enregistrement formel. L'appareil semble désormais entièrement peint en orange tango avec un liseré gris argent. Sur certaines photos, la mention PARIS SOIR est peinte sur le capot moteur. Le 11 avril 1934, Savarit effectue un vol Toussus-le-Noble – Lisieux et retour. Le 30 avril, accompagné du photographe Gabriel Gillet, il effectue la première mission professionnelle de l'appareil à l'occasion de la course cycliste Paris - Tours. Le dimanche 6 mai, il prend des vues aériennes du stade de Colombes à l'occasion de la Coupe de France de football.


            Le 4 juillet, le F-ALUZ toujours piloté par Savarit est présent pour le départ du Tour de France cycliste qu'il suivra de bout en bout. L'appareil est utilisé pour photographier la course, mais assure également le retour rapide à Paris des clichés et films pris d'avion et dans la course même. Le Farman est indéniablement présent le 29 pour l'étape Nantes- Caen.


            Le 1° novembre, Paris-Soir assure le retour à Londres de Madame Scott, épouse du vainqueur de la course Londres - Melbourne, qui vient d'effectuer un séjour à Paris. Son pilote est Savarit.


            Au bilan de l'année 1934, le F-ALUZ a effectué divers voyages en France ou dans les pays proches. On trouve ainsi mention de voyages effectués au Havre (avril), à Angoulême (mai), à Perpignan (juillet), à Bordeaux (août), au Havre de nouveau (septembre), encore à Bordeaux (octobre), à Bruxelles (décembre) ou Istres (janvier 35).


            Au début de mars 1935, une grave crise politique secoue la Grèce. Le général Venizelos s'insurge contre le gouvernement. Soutenu par des unités des trois armes, il prend le contrôle de la Crète. Mais ses partisans isolés sur le territoire grec ne peuvent résister à la mobilisation des troupes loyalistes. Devant les succès gouvernementaux, sa révolte s'achemine inéluctablement vers l'échec et il prépare sa fuite en Crète où les insurgés résistent encore.


            Bien que l'ensemble du territoire grec soit interdit de survol, Paris-Soir envoie une équipe de reportage constituée du pilote Edmond Abraham, membre de l'Aéro-Club de France, conseiller technique de Paris-Soir et chef du Service Aviation du journal, du radio Bouillut et de la journaliste vedette du journal, Madame Titaÿna. Leur but est de réaliser un reportage et surtout d'obtenir une interview de Venizelos.


            Le 7 mars, l'équipe quitte le Bourget à bord du F-ALUZ. Les aviateurs passent par Marseille, Rome, Naples et Tarente. Retardés par les formalités administratives, ils décollent le 11 mars du terrain de Grotaglie pour rejoindre directement la Crète. Par un temps bouché, ils abordent l'île à 16h50, avec l'intention d'atterrir sur le terrain d'aviation de La Canée. Mais les révoltés sont méfiants, et ils sont accueillis par des rafales de mitrailleuse qui endommagent les ailes. Abraham réussit à s'esquiver vers la mer en volant à basse altitude derrière des habitations. Il veut se poser sur la plage, mais se trouve confronté à l'artillerie des navires insurgés qui ont pris la mer pour l'intercepter.


            Après avoir effectué divers essais infructueux pendant une quarantaine de minutes, Abraham décide de se poser à La Canée sur un terrain dégagé de 150 mètres pour éviter la foule d'environ 2000 personnes qui les attend. L'avion ne résiste pas à l'atterrissage en perte de vitesse et le fuselage se coupe en deux à hauteur de la cabine : le poste de pilotage est enfoncé et l'hélice brisée.

            Prise à partie par la foule, l'équipe du journal a du mal à se faire comprendre et à faire admettre que leur appareil et eux-mêmes représentent un journal français. Ils sont dégagés par la police à cheval, après l'arrivée des autorités. Après que la foule se soit calmée, ils sont conduits à l'hôtel.

            Titaÿna est autorisée à interviewer Venizelos, entretien important à l'occasion duquel il annonce son intention de déposer les armes et de se rendre en Italie. Cet entretien est effectué à bord du croiseur Averoff qui amène Venizelos en Italie. Pendant ce temps, Abraham et Bouillut récupèrent les éléments réutilisables du Farman : le moteur et la TSF, abandonnant la carcasse sur place.


            En avril 1935, l'avion est enregistré comme détruit.

A gauche, le F-ALUZ survole le peloton le 29 juillet 1934 lors de l'étape Nantes - Caen du Tour de France cycliste.


Ci-dessous, le 1° novembre 1934 au Bourget. Savarit se prépare à ramener à Londres Mme Scott, épouse du vainqueur de la course Londres-Melbourne et l'une de ses amies, Mmme Lucas. De g. à dr : Mme Aslangul, René Barotte, Mme Lucas, Savarit, Mme Scott.

[Source : Paris-Soir]

Sur le terrain de La Canée, le radiotélégraphiste Bouillut, appuyé sur le capot de l'appareil encadré par les militaires et la foule. Le F.197 n°8 est dans un triste état, comme en témoigne également la photo de droite : seuls le moteur et la radio seront ramenés. [Source : Paris-Soir]

Les Avions Farman

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F.39O n°1 F-AMEQ