Le carnet de vol de Lucien Coupet met en évidence l'ambiguité des dénominations utilisées par les équipes Farman. Il mentionne dans son carnet de vol des essais du F.190 n°22 au cours du mois d'août 1929 et des mois suivants. Or dès cette époque, cette cellule typique du F.190 avec ses hublots de cabine est équipée d'un moteur Farman 9 Ebr de 240 cv et d'une hélice bipale, configuration de ce qui sera officiellement peu de temps après le F.193.

            Pendant toute sa carrière, ce F.193 n°1 apparait servir de prototype et de démonstrateur pour le développement de la stratégie Farman visant à faire du F.190 un appareil de grand tourisme de luxe. Corrélativement, les choix des aménagements successifs sont clairement influencés par l'expérience de l'industriel dans la production automobile. Pendant sa carrière, il sera l'un des appareils utilisés fréquemment par les membres de la famille Farman pour leurs déplacements jusqu'à l'apparition des F.392/393. Peut-être du fait de cette constante évolution, il ne sera formellement enregistré qu'en décembre 1934.

Le F.193 n°1 dans sa configuration initiale avec hublots, moteur Farman 9 Ea et une hélice bipale [Coll Michel Barrière]

            Ce F.193 représente la famille F.190 au salon de 1930. Les Ailes détaille sa configuration : "C'est ensuite le 190 trop connu pour qu'on ait besoin de vanter ici ses qualités. Une particularité cependant : l'avion exposé est équipé du moteur Farman en étoile, à refroidissement par air, de 240 CV. L'aménagement de la cabine ne le cède en rien au précédent : peintures exterieures bleu et argent, tentures gris-bleu  y compris celles du poste de pilotage, tapis assorti, appliques électriques au chiffre de Farman en avant et en arrière, etc."

            Sur les photos, il est encore équipé d'une hélice bipale, mais il reçoit rapidement le nouveau moteur Farman 9 EBr de 280 cv équipé d'un réducteur ½ et d'une hélice quadripale. Un robuste tirant est alors ajouté entre le capot moteur et le mât pour rigidifier le bâti moteur.

            Le 15 août 1931, il effectue une excursion à Nevers. Venant de Toussus-le-Noble, il est piloté par Freton avec comme passagers Maurice Farman et son épouse. Le 27 septembre, il est de nouveau à Nevers, venant du Bourget, piloté par Marcel Farman avec comme passager Maurice Farman.

            A l'automne 1932, il reçoit le nouvel aménagement des Farman de grand tourisme: grandes fenêtres carrées, roues carénées, aménagement intérieur à 4 sièges dont un tournant, nouvel ensemble dérive-gouvernail, roulette de queue et carénages de roues. Sa livrée est toujours dans l'esprit Farman.

            Equipé du moteur Farman 7 Ear, il sert en fait de prototype au F.390 et est donné par Veritas comme F.390 n°1 (il serait plus logique de considérer n°01, le F.390 F-AMEQ sera le véritable F.390 n°1 pour Farman). Les photographies de l'appareil illustrent la fiche de présentation du F.390 élaborée par Farman.

            Le 14 août 1933, il participe à la fête aérienne de Plouescat sous les couleurs d'Air Service, piloté par Burtin, avec 4 passagers.

1932 : Le F.193 n°1 présenté dans la plaquette F.390 de Farman. [Coll Michel Barrière]

Le F.193 n°1 en 1932 dans la configuration de fuselage des F.390 qui sera également celle des F.193 de série à partir du n°4. [© Michel Barrière]

            Le F.193 n°1 équipé d'un moteur Farman 9 Ebr est enfin enregistré le 17 juillet 1934 comme F.193/1 sous la référence AIR 2-1405 avec le CdI 3847 au nom de Maurice Farman. Luxueusement aménagé, doté d'un réservoir de 265 litres, il est transformable en avion sanitaire. Il sert d'avion personnel à Maurice Farman, mais est aussi régulièrement utilisé par Andrée ou Marcel Farman pour des déplacements en France ou dans les pays voisins.

            En 1935, il est utilisé régulièrement par Andrée Farman pour des promenades à Toussus, ou des voyages un peu plus lointains : Deauville en avril, Soissons et Bruxelles en mai, Genève, Douai en juin, Deauville en juin et juillet. Au Concours d'élégance et de confort des avions de tourisme à Buc, il remporte le premier prix d'honneur. En août, Maurice Farman l'utilise pour donner le baptême de l'air à Mme Francis de Croisset, épouse de l'auteur de théâtre, au dessus de Versailles. Ce même mois, Andrée Farman et Perrin participent avec lui au tour d'Italie, pilotés par Burtin. Ils en reviennent en septembre après avoir effectué un long parcours : Toussus, Lyon, Cannes, Pise, Rome, Naples, Venise, Milan, Cannes, Lyon, Toussus.

            Lors de sa visite à Toussus-le Noble à 1153 h le 7 octobre 1938, la validité du CdN suspendue et l'appareil retiré de la cote.

            Son sort ultérieur est inconnu.