Crezan
F190
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F.190 n°13 / (7124)

F-AIZS


            Le 17 mai 1929, le F.190 n°13 reçoit le CdN/CdI 2103. Immatriculé à la Compagnie Internationale de Navigation Aérienne (C.I.D.N.A.), ce F.190 de transport emporte les désormais standard 280 litres de carburant et, à cette époque, une hélice Chauvière 5120 en bois blindé qui sera plus tard remplacée par une Levasseur métallique. Son numéro constructeur serait 7123.


            Ce sera le seul F190 acquis par la CIDNA et Paul-Louis Weiller, également administrateur délégué de Gnome-Rhône et président de la CIDNA, ne saurait être étranger à cette acquisition. Cependant, la compagnie défendait clairement le développement des appareils à structure métallique, et on ne peut dire qu'avec le F190, Farman se soit engagé dans cette voie. Néanmoins, bien équipé pour ses missions, le F.190 n°13 sera conservé par Air France, survivra en 1940 et poursuivra encore son service en zone libre.

Le F.190 F-AIZS de la CIDNA (date inconnue).

 Il porte sur le capot la publicité du lubrifiant "RiciLub".

[Coll Michel Barrière]

            Le 30 juin 1929, piloté par Assolant, le Farman participe au meeting de Douai, organisé par le club aéronautique du Nord pour marquer le 20° anniversaire de l'aérodrome de La Brayelle.

            Le F-AIZS effectue ensuite des transports de passagers sur les lignes de la CIDNA. En octobre 1929, lors de sa visite au Bourget, il comporte déjà 365 heures de vol.


 Au premier trimestre 1930, le F-AIZS entre en réfection. Le 28 novembre 1930, lors de sa visite à 506 heures de vol, il est arrêté de vol suite à la présence de criques sur le support moteur de son Titan 5 Ba.


            A l'été 1931, Maurice Bourdet, journaliste au "Petit Parisien", réalise une tournée en Europe Centrale dans le cadre d'un reportage sur l'aviation française. Seul passager sur la liaison Prague – Varsovie, il effectue son vol sur le F.190 de la C.I.D.N.A. piloté par un pilote tchèque.


            L'avion passe sa visite en août 1931. Il a alors effectué 733 heures de vol.

Le F.190 F-AIZS de la CIDNA dans la livrée qu'il portait encore au Tour de France 1932. Le logo CIDNA était sans doute présent sur le flanc du fuselage, et l'insigne de la CIDNA sur la dérive, mais nous n'en avons pas trouvé de preuve jusqu'à présent.

L'immatriculation était portée en noir sur et sous les ailes.

Pour le Tour de France, il portait sous le fuselage le nom "PARIS-SOIR".

[Coll Michel Barrière]

TOUR DE FRANCE CYCLISTE 1932 : PARIS-SOIR

Le F.190 F-AIZS de la CIDNA lors de son affrètement par PARIS-SOIR pour le Tour de France cycliste de 1932. En bas, à gauche, Durmon préparant un vol. [Source: Paris-Soir]

Le F.190 F-AIZS ex-CIDNA peu après son transfert à Air France. L'appareil est peint d'une teinte qui apparaît sombre sur les photographies et que nous avons supposé être le bleu indigo de la CIDNA, qu'il semble effectivement porter en 1942. Il n'a pas reçu à cette date les équipements qui permettront son utilisation pour l'entrainement des équipages. [© Michel Barrière]

Pendant le Tour, Durmon présentant la motorisation de son F.190 à l'équipe italienne. Le F-AIZS serait alors peint en blanc. Il pourrait s'agir d'un badigeon destiné à limiter la température dans la cabine compte tenu de son utilisation comme laboratoire photographique. [Source : Paris-Soir]


            Le 6 juillet 1932, veille du départ du Tour de France cycliste, le journal Paris-Soir annonce les nouveautés du dispositif mis en place par la rédaction pour assurer le suivi de l'épreuve. Parmi elles figure l'affrètement d'un avion auprès de la CIDNA. Il s'agit du F-AIZS qui, pour l'occasion, est piloté par le chef-pilote de la compagnie : Durmon.

            Le 8 juillet, le Farman apparaît pour la première fois au-dessus du peloton entre Fougères et Rennes. Bizarrement, le journal le mentionne pendant plusieurs jours comme étant équipé d'un GR K7 de 300 cv.

            Deux photographies publiées le 22 juillet dans Paris Soir montrent le Farman probablement tel qu'il fut préparé pour son affrètement par le journal. Sur le fuselage, probablement orange tango, l'immatriculation F-AIZS figure en lettres blanches. Sous le fuselage est inscrit en grandes lettres, également blanches, le nom du journal "PARIS-SOIR". La porte ouverte permet de voir qu'il porte sur le flanc, sous les fenêtres, la mention "COMPAGNIE INTERNATIONALE DE NAVIGATION AERIENNE". L'aile porte en revanche l'immatriculation en noir, ce qui nous laisse supposer qu'elle est peinte en argent.

            Pendant le Tour de France, le F-AIZS apparait avoir été entièrement peint en blanc. Ceci pourrait être dû à son utilisation pour la photographie; il est possible en effet qu'il ait servi comme laboratoire pour le développement rapide des photos et que cette disposition ait été prise pour éviter une trop forte chaleur dans la cabine.

            Le 10 juillet, Paris-Soir évoque "le bel avion blanc de la C.I.D.N.A.", aspect qui est corroboré au moins pour l'avant de l'appareil par une photographie publiée le 21 juillet, montrant Durmon expliquant les caractéristiques de son moteur à l'équipe italienne.



            En août 1933, le F.190 F-AIZS est transféré à Air France et baptisé "L'Astucieux". Le 9 octobre, il passe une visite à Strasbourg à 899 heures. Air France le transforme alors pour l’entrainement des équipages en montant une génératrice Labinal de 600 W sur le bord d’attaque de l’aile droite et en installant à bord un poste récepteur à ondes courtes Telefunken pour l’atterrissage sans visibilité et un poste TSF type SFR A5D3. La configuration est validée par Veritas le 1er janvier suivant. 

A partir de mars 1937, l'Aviation Populaire Provencale, basée à Marignane et d'obédience communiste, a ouvert son école de pilotage. L'association est présidée par M. Biroard, directeur du Réseau Méditerranéen d'Air France et le club compte parmi ses membres plusieurs pilotes de la compagnie : Féru, Givon, Camoin.  Le F-AIZS d'Air France est alors utilisé pour le baptême de l'air des "jeunes couvées de pilotes".

            Le 16 janvier 1938, le Farman donne de nombreux baptêmes de l'air après la cérémonie de transfert du fanion de la Promotion Pierre Cot (1937) à la Promotion Paul Vaillant-Couturier (1938)


            Le 22 juin 1938, l'avion passe sa visite à Marignane. Il possède alors un moteur Titan GR 5 Bc, une hélice métallique Levasseur, emporte un équipement de TSF et est équipé en double commande.


            En 1940, le F.190 n°13 est réquisitionné. Une photographie (Coll. F.Roumy) datée "octobre 1942" le montre dans la même livrée mais avec l'aile peinte en argent et le capot portant le "pyjama" de Vichy. Cette décoration non conforme aux directives régissant les appareils civils (il aurait dû porter des bandeaux tricolores sur fuselage et voilure) nous suggère que l'appareil a pu être pris en charge à cette date par le Centre d'Etudes en Vol, qui a repris les activités subsistantes du CEMA, utilisant des F.190 / 290 : la présence du  F.199 n°1 (Mil) y est avérée.


            Le 11 novembre 1942, donc peu après la photographie mentionnée, le Centre cesse brutalement ses activités avec l'invasion de la Zone Libre.

            Le sort ultérieur de l'appareil est inconnu.

Le F.190 F-AIZS à Marseille en 1942. La dérive porte encore les marques d'Air France. La décoration du gouvernail et de l'empennage n'est malheureusement pas visible sur la photo. La tonalité du fuselage, moins soutenue que les bandes du nez, nous fait supposer qu'il portait lors de sa reprise par AIR FRANCE la livrée bleu indigo de la C.I.D.N.A. L'aile portant l'immatriculation en lettres noires apparaît avoir été repeinte en argent à cette date. [© Michel Barrière]

Les Avions Farman

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F.19O n°14 F-AJAI