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Compagnie Franco-Bilbaïne de Transports Aéronautiques


       Intéressés par l'activité aérienne développée à Saint Sébastien par les Transports Aéronautiques du Sud-Ouest, les responsables du "Sindicato de Fomento" de Bilbao (Service des Travaux Publics) se mettent en rapport avec la société pour créer une ligne aérienne entre leur ville et Bayonne. Les premiers contacts se font par correspondance avec Marcel Gindner, administrateur délégué de la société des Transports aéronautiques du Sud-Ouest. Ils confirment les intérêts respectifs des deux parties et donnent naissance au projet de formation d'une société franco-bilbaïne portant à parts égales les intérêts français et basques. Dans l'hypothèse où les négociations aboutiraient favorablement, le service aérien, à la fois touristique et commercial pourrait débuter en avril sur la liaison Bilbao – Biarritz - Bayonne.


            Après ce premier échange de correspondance, Marcel Gindner se rend à Bilbao pour négocier le projet. Il se voit confirmer que les hommes d'affaires locaux sont très intéressés par la création d'une ligne aérienne, la ville étant peu favorisée sur le plan du transport ferroviaire et des communications téléphonique en dépit de son importante activité industrielle et commerciale. Cette situation pose de sérieux problèmes aux industriels et hommes d'affaires locaux, en relation notamment avec l'Angleterre. Le projet rencontre donc un accueil très favorable, les intéressés estimant que son potentiel a été largement démontré par le succès du service aérien assuré l'été précédent entre Saint Sébastien et Biarritz. Ils estiment qu'une compagnie aérienne offrirait un gain de 24 à 36 heures pour le courrier et les passagers sur les communications entre Bilbao et Paris ou Londres. Elle faciliterait également les déplacements pour le plaisir ou les affaires en permettant les liaisons Bilbao-Santander en 30 minutes, Bilbao-Saint Sébastien en 40 minutes et Bilbao-Biarritz en une heure.

            Les Basques envisagent d'abord de créer une société espagnole, en partenariat avec les Transports du Sud-Ouest mais les études et négociations font ressortir que seule une entreprise immatriculée en France et utilisant des matériels français pourra bénéficier du système de primes d'État offertes par le gouvernement français.

            Par contre, vu de Paris, ce développement n'apporte pas grand chose à la partie française. Cette ligne, plus axée pour les Français sur le tourisme et le loisir que sur les affaires, ne suscite qu'un intérêt mesuré de la part des services du ministère de l'air.


            Les négociations menées tambour battant aboutissent rapidement au projet d'une société franco-espagnole de transport aérien qui serait créée par augmentation de capital sur une base binationale 50/50 et changement de nom de la Société des Transports Aéronautiques du Sud-Ouest. A cette époque, le capital nominal de la Société des Transports Aéronautiques du Sud-Ouest est de 310.000 F, dont seule la moitié (155.000 F) est versée. Le capital initial de la nouvelle société sera donc de 620.000 F, partagé à parts égales entre les actionnaires français et le groupe d'actionnaires de Bilbao.

            Des discussions en cours avec une société française qui souhaiterait entrer au capital de la Société des Transports aéronautiques du Sud-Ouest avec une participation de 190.000 F pouvant amener la part française du capital à 500.000F, il est prévu que le groupe de Bilbao aura dans ce cas la possibilité de souscrire une augmentation de capital de 190.000 F ce qui porterait le capital total de la société franco-bilbaïne à 1.000.000 F.

            La Société des Transports Aéronautiques du Sud-Ouest apporte en pleine propriété à la nouvelle société toutes ses installations, tout son matériel volant ou non, ses contrats et son organisation. Il est convenu que toutes les installations existantes, le matériel volant et fixe, les divers contrats et options ainsi que l'organisation des Transports du Sud-Ouest soient apportés en pleine propriété à la nouvelle société Franco - Bilbaïne.

            Le conseil d'administration de la société existante étant constitué de six administrateurs, le Groupe de Bilbao nommera aussi six administrateurs de façon à avoir un nombre égal d'administrateurs espagnols et français. Un président sera élu dès que l'Assemblée générale aura ratifié la modification des statuts et du capital.

Afin d'accéder aux subventions de l'État français, il est décidé que le siège de la nouvelle société soit établi en France, à Biarritz ou Bayonne pour faciliter la participation aux réunions du conseil d'administration des administrateurs résidant à Bilbao ou Paris.

            Le "Sindicato de Fomento" de Bilbao soumet le projet à des banques locales et des personnalités du monde industriel et commercial de la ville, intéressées par le potentiel des transports aéronautiques pour leurs activités. La conclusion en est que les 310.000 F seront souscrits sans difficulté, d'autant que tout souscripteur bénéficiera d'une réduction de 5% sur les tarifs pour une souscription de 10 à 20.000 F, cette bonification atteignant 10% pour des souscriptions plus importantes.


            L'organisation initiale, arrêtée pendant les négociations, apparaît légère. Le personnel comprend un administrateur-délégué, directeur général, en l'occurrence Marcel Gindner ; un chef de service, directeur de la station de Bilbao, et responsable des finances, José Muñoz ; un comptable employé par la station de Biarritz ; 3 pilotes, soit un pour les voyages Bilbao-Santander-Bilbao et les vols de promenade à Santander ; un pour les vols Bayonne-Bilbao-Bayonne et les vols de promenade à Bilbao, et un pilote de remplacement effectuant les vols de promenade à Biarritz et Bayonne; 3 chefs mécaniciens, 3 mécaniciens, 3 ouvriers-gardiens.

            Pour éviter la région frontalière montagneuse jugée difficile, il a été décidé que la ligne aérienne suivra la côte et que l'exploitation utilisera essentiellement des hydravions. La petite flotte des Transports du Sud-Ouest a été adaptée en conséquence. Outre la plage de la Chambre d'Amour à Biarritz, les autres escales se situeront dans des implantations à négocier avec les services appropriés : la base du service de la navigation aérienne de Blancpignon, près de Bayonne et le port de Bilbao.



  

  

            L'escale de Bilbao est finalement située à proximité du quai de Las Arenas dans le port situé sur la petite baie de la ville (El Abra). Ses moyens comprennent un grand hangar, un slip de mise à l'eau des hydravions, un atelier équipé pour la réparation et l'entretien des avions et des moteurs, un canot automobile et un bâtiment en bois de deux pièces (bureau et salle d'attente).

            La station de Biarritz, sur la plage de la Chambre d'Amour dispose d'un hangar pour les avions terrestres. La base principale est l'hydrobase du service de navigation aérienne de Bayonne, située à Blancpignon sur la rive de l'Adour. Elle dispose d'un hangar pour les hydravions, d'un canot automobile, un atelier équipé pour les réparations, une automobile, un slip de mise à l'eau des hydravions, un dépôt de carburant et des ustensiles divers, enfin un bâtiment en bois de deux pièces (bureau et salle d'attente). La base sera totalement ouverte au public le 1er septembre 1920 ; la Compagnie y installe un stock d'essence de 1000 litres environ, les pleins se faisant avec des bidons, et un stock de 200 litres d'huile Renault.

            Pour ce qui est du matériel volant, la station de Bilbao disposera d'un hydravion Farman F.40H triplace pour les promenades et le sport avec un moteur Renault 130 cv de rechange et d'un hydravion rapide, Tellier T.3 pour les voyages Bilbao – Santander avec un moteur Hispano-Suiza 200 cv de rechange. Le terrain où seront installés les hangars a été rapidement identifié en accord avec la "Junta de Obras" du port de Bilbao.

            L'escale de Bayonne est équipée de 2 hydravions Tellier 200 cv (ex Tellier canon) pour le service quotidien entre Bayonne et Bilbao avec 3 moteurs Hispano-Suiza et d'un hydravion Farman triplace avec un moteur Renault 130 cv. La station de Biarritz est dotée d'un F.40 terrestre biplace pour le tourisme et l'école avec un moteur Renault de 80 cv de rechange. Cet équipement est complété de diverses rechanges pour les 6 avions et les moteurs de l'exploitation.

            Le début des services est alors prévu en avril, avec l'ouverture de la liaison Bilbao – Biarritz – Bayonne, effectuée en 30 minutes en suivant la côte.

Implantation de l'hydrobase de Bayonne-Blancpignon.  [Bulletin BNAe]


            Le 15 avril 1920 est créée à Biarritz la Société Franco-Bilbaïne de Transports Aéronautiques – (S.A. Franco-Bilbaina de Transportes Aeronauticos). Son siège est situé à Bayonne (3 rue Jacques-Laffitte).

            Marcel Gindner embauche des pilotes, anciens de l'Aviation Maritime : Jean Gosselin du CAM Bayonne, Benjamin Pessel, Pierre Masseboeuf. Les premiers appareils provenant des stocks du CAM d'Hourtin sont acquis : Marcel Gindner commande à Hourtin deux biplaces canons Tellier 200 cv. Il les connait bien, ayant été détaché chez Tellier pendant les deux dernières années de la guerre. Le prix de cession est de 61 000 F pour la cellule et 22 000 F pour le moteur. Les premières annonces ont lieu à la mi-mars; la création de la société est publiée à la fin du mois d'avril.

            Les conditions de l'exploitation, qu'on espère un moment voir débuter en avril, se précisent. Pour les espagnols, le service Bayonne-Bilbao-Santander sera avant tout un service commercial courrier et voyageurs visant à faciliter les relations commerciales avec la France et l'Angleterre. Du côté français, l'objectif est moins clair et n'a aucun caractère stratégique. Le Général Hirschauer, dans son rapport au Sénat, jugera un peu plus tard que la ligne est sans intérêt.

            Le départ de Bayonne aura lieu à 8h30 tous les matins après qu'ait été recueilli le courrier provenant d'Angleterre et de France par le rapide Paris-Bayonne arrivant à 7h00. A 10h00, les industriels de Bilbao auront donc le courrier parti de Londres la veille. Leur réponse pourra partir le jour-même par l'avion quittant Bilbao à 18h00, arrivant à Bayonne à 19h00, ce qui permet la correspondance avec le rapide Bayonne – Paris partant à 22h30, arrivant à Paris à 11h30 le matin suivant. En accord avec la compagnie ayant la concession de la poste aérienne sur Paris- Londres, la lettre arrivera à Londres à 14h45.

            Au retour, suivant le même principe, les lettres déposées à Londres à midi arriveront à Bilbao à 9h00 le matin suivant. Chaque avion peut transporter, outre le courrier, quelques passagers bénéficiant des mêmes correspondances et avantages de rapidité.

            Il est également prévu de mettre en place un service spécial pour les commandes à exécuter. Partant par hydravion de Bilbao à 16h00, elles seront à 17h00 à Bayonne à temps pour l'express arrivant à Paris à 8h30 h du matin.

            Gindner envisageait que tous les avions utilisés sur la ligne soient équipés de radio pour rester en liaison avec les stations de Biarritz et Bilbao ; ceci ne sera jamais réalisé.

            Les premières estimations laissent à penser que, pour les Espagnols, le tarif pour un vol de Bilbao à Biarritz-Bayonne serait de 150 a 180 pesetas par personne (soit 300 à 360 F environ) : il sera finalement un peu plus faible (# 250 F).


            Les deux hydravions Tellier-Levy T 3 commandés sont livrés au cours du mois et un troisième exemplaire s'y ajoute. Ces appareils sont immatriculés F-ACBO, F-ACBU et F-ACFS.

            A leur arrivée, les Tellier sont débarrassés de leur armement dans les ateliers de Bayonne de la Compagnie. Le poste avant est doté d'un pare-brise vitré surmonté d'un toit en coupe-vent ; la cabine ainsi améliorée embarque deux passagers et deux sacs postaux, soit une charge utile d'environ 200 kilos.

            La date d'inauguration du service se rapprochant, Gindner envisage de célébrer l'événement avec un meeting d'aviation. Son idée serait de faire venir une escadrille de l'Aéronautique militaire française qui réaliserait divers exercices. La venue de cette escadrille nécessitant une autorisation spéciale du gouvernement espagnol, M. Echevarría (président du conseil d'administration de la société?) se met d'accord avec le maire de la ville pour obtenir les autorisations nécessaires.

  

            Juin 1920 : Inauguration de la ligne Bayonne - Bilbao


            Le 24 juin, le Ministère espagnol des Travaux Publics autorise l'utilisation de la base d'hydravions de Bilbao, préalable indispensable à l'inauguration.

            Le 27 juin, le Sous-secrétaire d'Etat à l'Aéronautique, Pierre-Étienne Flandin, accompagné du Colonel Saconney inaugure le service Bayonne – Bilbao. Cinq hydravions sont mis en oeuvre pour cette manifestation. Un chasseur de sous-marins de la flottille de la Bidassoa (C 38) est également venu pour intervenir en cas d'accident.  A 11h40, quatre appareils venant de Bayonne évoluent au-dessus de la baie avant de se poser dans des lieux divers. Le premier transporte l'ancien maire de Bilbao, Fernando Villabaso Zabaleta, qui se pose à midi après avoir évolué au-dessus de la baie en lançant des bannières espagnoles et françaises. A l'amerrissage, l'appareil heurte une embarcation et endommage sa voilure.


            Le second appareil est le Levy-Le Pen HB 2 F-CFBI piloté par Gosselin accompagné du mécanicien Clément. Il a comme passagers Pierre-Etienne Flandin et Gindner. Le troisième appareil se pose par erreur sur la plage d'Algorta.

            Suite à des problèmes, le quatrième amerrit près de l'ile d'Izaro, entre Mundaka et Bermeo. Ses quatre passagers sont ramenés à terre par la barque du pêcheur José Tellachea, qui sera récompensé par le gouvernement français ; l'appareil est remorqué sur la plage de Bermeo.

            Le cinquième n'arrive qu'à 14h00, avec comme passager le maire de Bayonne, Prosper Castagnet.

            A son arrivée P-E Flandin est accueilli par les autorités de Bilbao, le consul de France et les dirigeants de la compagnie, puis amené en automobile à la Députation provinciale où a lieu la réception officielle accompagnée des discours de circonstance et suive d'un lunch. Durant la réception, Gindner remet au maire de Bilbao une lettre du maire de Bayonne saluant la ville de Bilbao et la nation espagnole. A 14h00, le ministre et les autorités se rendent au club maritime de la baie de Bilbao où se déroule le banquet officiel de 80 couverts, présidé par le gouverneur civil représentant le ministre du développement.

            Vers 17h00, le premier appareil à repartir est celui du maire de Bayonne suivi peu après par celui du ministre. L'appareil endommagé dans le port est donné comme rentré le lendemain après midi après une réparation sommaire.


            Le 28 après-midi, le service est ouvert par un hydravion transportant des passagers - un commercant de Bilbao, M. Castellano, et son épouse - qui effectue le trajet en une heure et demie. A 17h30, il repart pour Bayonne avec un passager, Diego Maras.

            Durant la nuit du 29 au 30 juin, l'hydravion qui, suite à des avaries, avait été ramené sur la plage près de Bermeo est gravement endommagé par les vagues. Il sera démonté et chargé sur un camion pour être ramené à Bayonne quelques jours plus tard.

Le Tellier T-3 F-CFBU amarré à une bouée dans la baie de la Concha à Saint Sébastien.

[CC BY-NC-ND-3.0-ES 2013 / KUTXATEKA / FONDO FOTOCAR / MARTIN RICARDO]


            Dans ses articles sur les premiers vols commerciaux de la ligne Bayonne - Bilbao, la presse a mentionné le transport de courrier. Le 1er juillet, l'administration basque publie un communiqué précisant que cette information est erronée, le transport de courrier n'ayant pas encore été autorisé. Durant les deux premières semaines d'exploitation, neuf vols sont effectués emportant neuf passagers. Il faut dire que, dans cette période, les vols se font pratiquement à la demande. Le tarif pour le vol est de 250 F ; un aller-retour, valable 8 jours, vaut 425 F. Signe de la clientèle qu'elle veut attirer, la Compagnie consent une réduction de 50% aux fonctionnaires, qu'ils soient en déplacement à titre privé ou à titre officiel, aux agents diplomatiques et militaires, aux représentants de commerce et industriels en déplacement pour leurs affaires. Chaque passager a droit à 15 kg de bagages

            En Espagne, la Compagnie utilise un réseau d'agents financé par les industriels de Bilbao ("Red de Hidroaviones del Cantábrico"). Dirigé par M. Muñoz, responsable de la station de Bilbao, il vend des tickets en Espagne pour la Compagnie et gère avions, passagers et fret dans les ports espagnols. L'objectif de la Compagnie est aussi de commencer à fournir des services le long de la côte pendant la saison d'été, spécialement entre Biarritz, Saint Sébastien et Santander.


            Le 1er septembre, la Compagnie Franco-Bilbaïne commence à effectuer régulièrement un service quotidien entre Bayonne y Bilbao, sous réserve des difficiles conditions météorologiques du Golfe de Gascogne. A cette fin, la compagnie a acquis trois nouveaux hydravions type Levy Le Pen.  Aprés avoir effectué diverses modifications, elle termine son installation au sol et la mise au point de ses appareils.

            Le 28 septembre, la presse annonce l'étude par la Compagnie de la création d'une escale à Santander qui serait suivie de la réalisation de vols d'essais sur la liaison Bilbao – Santander, en vue d'un allongement possible de la ligne.


            Le 6 Octobre est un jour néfaste pour la Compagnie : celui du premier accident grave. A 11h00 du matin, un hydravion (Farman F.40H selon Morvan) piloté par Gosselin revenant de Bilbao est pris dans une rafale de vent en arrivant à Bayonne et capote dans l'Adour. Les deux passagers, José Beascoa, un mexicain séjournant à Lekeitio qui devait rentrer sous peu dans son pays, et Javier Amiá, un commerçant de Lekeitio, se noient. Gosselin qui réussit à se maintenir à la surface est recueilli, les deux jambes broyées (NB : selon la presse de l'époque. Dans ses souvenirs, Morvan mentionne une jambe brisée et un oeil crevé).

            Si l'hydrobase de Bilbao avait bien été habilitée au plan technique, le directeur espagnol de la Compagnie Franco-Bilbaïne se heurtait pour l'exploitation à une ordonnance royale de 1919 listant les aérodromes pouvant disposer d'un service des douanes et dans laquelle Bilbao ne figurait pas. Le 11 octobre 1920, le Ministère des Finances délivre une ordonnance royale désignant Abra-Las Arenas comme aéroport de Bilbao pour les hydravions, ce qui résout ce problème.

            Le 27 octobre, l'hydravion assurant la liaison Bayonne – Bilbao doit se poser à Lekeitio sur problèmes moteur. Il transporte - outre le pilote et le mécanicien, une passagère, Madame Simon. Pour poursuivre son voyage, elle demande une automobile allant vers le Portugal.

            Fin octobre, la presse espagnole indique que les hydravions de la ligne ont, depuis l'inauguration, effectué 8100 km et transporté 28 passagers. A Bayonne, les installations comportent deux grands hangars de 1500 m² s'ajoutant au hangar initial de 600 m². A Bilbao, les préparatifs pour la construction d'un hagar et d'un quai se terminent. La flotte de la compagnie est alors constituée de 16 hydravions : 5 Levy-Le Pen, 6 Tellier et 5 Farman F.40H à moteur 130 cv.


            Le 28 décembre, le Tellier immatriculé F-ECFB piloté par Pierre Masseboeuf accompagné du mécanicien Amestoy parti à 16h00 de Bayonne pour Bilbao où il devait prendre un passager, n'arrive pas à destination. L'alerte est lancée par le directeur de l'escale de Bilbao auprès de la Commandancia de Marina. Lekeitio et Bermeo n'ayant aucune nouvelle, la station sans fil de San-Domingo alerte tous les navires de la zone, leur demandant de rechercher l'hydravion. On pense que, pris dans la forte tempête qui sévit, il est tombé en mer.

            En retour, un télégramme d'Ondárroa confirme que les barques de pêche "San Andres" et "Usansolo"  ont repéré un appareil flottant dans l'eau à 17 miles du port de Bilbao et ont tenté sans succès de le remorquer. Il n'y avait personne à bord. L'espoir que les aviateurs aient pu être recueillis par une barque de pêche est rapidement déçu. Le 30 après-midi, une canonnière française de la Bidassoa vient faire des recherches. L'accident sera imputé à l'imprudence du pilote, ayant décollé malgré la météo régnant ce jour-là.

  

Une photographie du Tellier F-ECFB qui disparaitra en mer le 28 décembre 1920 illustrait la page de publicité de la Compagnie Franco-Bilbaïne ...

Bilan pour 1920


            Entre juillet et décembre 1920 les appareils de la Compagnie ont couvert 22,316 km et transporté 56 passagers. La Compagnie ne reçoit évidemment une subvention de l'Etat que pour le second semestre : le montant en est de 87.100 F contre 9.225 F de recettes générées par le trafic en environ 22.316 km parcourus en 155 voyages (pour 284 vols programmés). Le nombre de passagers payants a été de 36 pour .... 97 passagers non payants ! Dans l'année, il y a eu 4 tués et 1 blessé.

            La société déclare alors disposer de 3 pilotes, nommément Gosselin, Pessel, Masseboeuf, dont en fait l'un, blessé, est indisponible et un autre vient de disparaître, ainsi que de 8 avions.

Tous droits réservés - Michel Barrière - crezan.aviation@gmail.com

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