Crezan
Ethiopie
Ethiopie
Ethiopie

Ethiopie 1929-1936

Ethiopie 29-36

1933 : Tensions et concurrence allemande

          ¤ Janvier


            Les 2 et 13 janvier, liaisons postales aller-retour entre Addis-Abeba et Dessye. Le 17, le contrat de Gaston Vedel, qui se termine, n'est pas renouvelé. Vedel rentre en France.

            Paul Corriger reste alors le seul pilote français. Avec le départ de Vedel, l'école de pilotage de Dire Dawa est arrêtée; les activités correspondantes auront désormais lieu sur Akaki sous l'autorité de Corriger. 

Les 6 Potez 25 et le Junkers W33 reconstruit formeront jusqu'en 1936 la base opérationnelle de l'aviation éthiopienne [Coll. Michel Barrière]

          ¤ Février


            En février, deux avisos, le Diana et le Vimy croisent en Mer Rouge sous le commandement du contre-amiral Joubert, commandant la Division Navale du Levant.

            Après avoir visité le Golfe d'Aden, les deux bâtiments relâchent pour une quinzaine de jours à Djibouti. Pendant cette escale, vers le 25 février, des bandes de Danakils sèment le trouble à la frontière entre l'Éthiopie et Djibouti. Compte tenu des revendications persistantes de l'Ethiopie pour bénéficier de l'accés à la mer, les autorités françaises évoquent alors la possibilité d'actions suscitées par l'empereur pour déstabiliser la colonie.

            L'amiral Joubert fait alors évaluer les moyens de défense de la Côte Française des Somalis : ils sont pratiquement nuls !

          ¤ Mars


            Le 3 mars, l'amiral Joubert fait une courte visite à Addis-Abeba, accueilli par le ministre de la Guerre et l'ambassadeur Reffye.  A son départ, il laisse sur place un détachement du Vimy muni d'armes automatiques, chargeant le lieutenant de vaisseau qui le commande d'évaluer et de mettre en place de premières mesures.


            Le 20, l'empereur demande un vol sanitaire pour transporter d'urgence son médecin, le docteur Zervos, à Makale où sa deuxième fille, la princesse Zenabe Worq, enceinte de 7 mois, est gravement malade.  Son mariage n'est pas heureux; le prince héritier du Tigré est un rustre et il est question de mauvais traitements. La princesse est néanmoins une pièce majeure des alliances dynastiques intérieures de l'empereur.

            Preuve que le Junkers n'est pas encore réparé, le départ de deux Potez 25 est prévu pour le lendemain. Paul Corriger étant malade, Babitcheff emportera le médecin; l'autre, piloté par Asfaw Ali, non breveté, emmènera Lidj Tadessa et un mécanicien. En l'apprenant, les mécaniciens sous contrat : Picaper et Baladé refusent ce vol à bord d'un avion piloté par un élève non qualifié, sur un parcours inconnu de lui. Maignal semble ne pas être impliqué dans cette affaire, peut-être du fait d'un statut particulier. Picaper et Baladé sont alors licenciés et expulsés par l'empereur.


            Le 21, Micha Babitcheff assure la mission. Mais, le 25, la jeune princesse décède. L'empereur demande le rapatriement immédiat de son corps pour la faire inhumer dans la nécropole impériale, décision inhabituelle qui participera peut-être à la décision de défection du Ras Gugsa en 1935. Babitcheff et Asfaw Ali s'envolent sur Potez 25, Babitcheff ramenant la dépouille de la princesse.

            Asfaw Ali qui transporte le beau-fils du Négus, le Dedjazmach Hailé Selassié, surpris par les nuages, change de route mais à court d'essence se trouve obligé d'atterrir. Il brise son train et son Potez Lorraine capote sans blessures pour les occupants. Corriger les rapatrie peu après.

            

            Dans la même période, un Potez 25 en panne sur le terrain de Kett Meda (Akaki) est retourné par le vent. Un terrain d'atterrissage est aménagé à Dolo, à la frontière de l'Ethiopie et du Kenya.

          ¤ Avril


            Le 2 avril, le Junkers W.33c fait son premier vol au-dessus d'Addis-Abeba. Ce vol marque sa reprise du service après avoir été complètement reconstruit avec des pièces d'origine par les mécaniciens envoyés par Junkers sous la direction de l'ingénieur-pilote Ludwig Weber. Pour mieux assurer la sécurité des vols et éviter la reproduction de l'accident de décembre 1929, la capacité des réservoirs a été réduite pour alléger l'appareil.

            

            Ayant ainsi acquis une certaine crédibité, Weber propose à l'Empereur de doter l'Ethiopie d'une industrie nationale. Il propose la construction d'une escadrille d'une trentaine d'appareils, soit 20 de chasse et 12 de reconnaissance, moyennant l'embauche d'une vingtaine de techniciens allemands. En premier lieu, il réaliserait un appareil d'entrainement d'un entretien aisé, adapté aux caractèristiques de l'environnement éthiopien.

            Il s'agit d'un projet personnel de Weber, qui a un passé industriel, non d'une affaire poussée par Junkers ou un tiers. L'idée séduit le Négus qui l'embauche comme pilote personnel et crée pour lui un poste de "directeur de l'entrepôt aéronautique".


            Le 5 avril, le transport d'aéronefs Commandant Teste arrive à Djibouti, où il est rejoint par l'Ypres. Il a appareillé de Toulon le 26 mars avec l'escadrille de surveillance embarquée 7S2 armée de 4 hydravions GL 811 et de 3 Farman 168 de l'escadrille 3B1, des troupes et du matériel. A Beyrouth il a embarqué 3 ou 4 Po25 TOE destinés à doter Djibouti du début de la force de défense demandée par le Ministre des Colonies, puis a fait route vers la Mer Rouge. Les appareils effectuent des vols de surveillance et de démonstration de force et les troubles cessent. Après que le gouvernement éthiopien ait affirmé ses intentions amicales, le retour des matériels en France est décidé.


            Le 14, départ par le CFE de Picaper, Baladé et leurs épouses pour Djibouti après une cérémonie d'adieu organisée le 12 par l'Amicale Française, avec discours d'adieu de M. de Reffye.

            

            Le 20, le Commandant Teste repart vers la France, laissant néanmoins à Djibouti le petit détachement de Po 25.


            Le 22, face à la matérialisation de la concurrence allemande et à la diminution progressive du parc aéronautique initial, Maignal suggère au gouvernement français de constituer une offre de 50 Potez 29 avec des conditions de crédit intéressantes.

          ¤ Mai


            Au retour d'une mission sur Dessye, Weber manque son atterrisssage, endommageant le train et l'extrémité de l'aile du Ju W33.

          ¤ Août


            En août 1933, le Dedjaz Nasibu et son beau-frère Misha Babitcheff se rendent en France. Ils visitent Potez pour négocier de nouveaux achats, sans succès. A l'occasion de ce voyage, ils acquièrent en Suisse le Fokker trimoteur de la Swissair CH-192 et évoquent semble-t-il l'éventualité de l'achat d'autres appareils du même type si la Swissair n'en a plus l'usage.

          ¤ Septembre


            La presse annonce le renforcement de l'escadrille de Potez 25 à Djibouti avec l'arrivée de 5 Potez 25 TOE à moteur Lorraine. L'escadrille sera commandée par le Capitaine Esparre et le Lieutenant Gambert.

1932

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1934